L'intelligence se mesure-t-elle ? Quelle est la part de l'inné et de
l'acquis ? Les enfants surdoués le sont-ils vraiment ? Existe-t-il
plusieurs formes d'intelligence ? Les chercheurs sont toujours en quête
des secrets de notre matière grise. Objet de toutes les passions, le débat
dépasse largement le simple cadre scientifique. Découvrez quelques
éléments de réponse dans un dossier qui va stimuler vos neurones !
Chapitre 1 : Les différentes formes d'intelligence
Innée ou acquise ? Depuis bien longtemps ce débat déchaîne les
passions et dépasse le cadre purement scientifique. Mais au-delà du
concept d'intelligence générale, il serait plus juste de parler des
intelligences qui la composent. Les hommes et les femmes ont-ils les
mêmes aptitudes cognitives ? Toutes les réponses à vos questions.
A - Inné ou acquis ? un débat explosif
Naît-on intelligent ou le devient-on ? Et d'ailleurs disposons-nous des
capacités nécessaires pour progresser ? Depuis l'Antiquité, ce débat
byzantin oppose philosophes et scientifiques, qui s'interrogent sur la
part de l'inné et de l'acquis dans l'intelligence, non sans arrière pensées…
Quel que soit le temps qu'il passe à réviser ses cours, Jérôme n'y peut rien, ça ne
rentre pas. "Je n'ai pas la bosse des maths" assure-t-il. Pas de problème en
revanche pour Isabelle qui n'ouvre jamais un manuel et s'en tire toujours bien aux
examens. "Normal" rétorquent les partisans de la position innéiste. Pour eux
l'intelligence est principalement d'origine génétique, à 80 % estime précisément
Arthur Jensen, professeur de psychologie à l'Université de Californie. Les individus
disposeraient donc à la naissance d'un certain capital. Sans cet héritage, qui leur
offre les prédispositions nécessaires, toute tentative d'apprentissage est vaine et
vouée à l'échec.
1) La prédominance de l'inné : une théorie d'un autre siècle…
La théorie de l'origine innée de l'intelligence a fait florès au XIXème siècle, portée par
2 évènements majeurs : le nouvel essor de l'expansion coloniale et le développement
des sciences. Face à la découverte de nouveaux peuples et de leurs façons de vivre,
parfois si différentes et si déroutantes pour les moeurs européennes, des travaux
scientifiques cherchent à démontrer la supériorité intellectuelle des Occidentaux. Le
mouvement exerce aussi son influence en France. Emile Zola s'inspire ainsi dans
ses romans des travaux sur l'hérédité en cours à l'époque. La série des Rougon-
Macquart présente l'étude de l'impact de la névrose et de l'alcoolisme sur les cinq
générations d'une famille.
2) Remise au goût du jour
Certains partisans des positions innéistes dérivent vers l'eugénisme, en partant du
principe que les individus moins intelligents affaibliraient le niveau moyen de la
population. L'ouvrage "The Bell Curve" (la courbe en cloche), paru en 1994, semble
remettre au goût du jour ces théories. Charles Murray et Richard Hernstein
démontrent, statistiques à l'appui, que les Noirs ont généralement un QI moins élevé
que la moyenne des autres communautés, ce qui expliquerait que leur statut
économique et social soit moins élevé.
Ils poursuivent la démonstration en jugeant que, puisque l'intelligence est innée et
que la destinée intellectuelle est déterminée, il est inutile de continuer à soutenir
financièrement ces populations… Ce nouveau darwinisme social propose par
conséquent de démanteler la politique de discrimination positive en vigueur aux
Etats-Unis. "Les conclusions de cet ouvrage allaient bien au-delà d'une constatation
scientifique" fait remarquer Michel Duyme, chercheur à l'INSERM.
3) L'enfance, une période d'apprentissage clef
Les tenants de l'importance de l'acquis sur le développement de l'intelligence
estiment, contrairement au pédopsychiatre Fitzhugh Dodson, que tout ne se joue pas
avant 6 ans. C'est ce qu'ont prouvé Michel Duyme et Marie-Annick Dumaret dans
leur enquête publiée en 1999, après avoir observé des enfants adoptés tardivement
par des parents d'une classe sociale plus élevée. "Même si la prime enfance reste
une période d'apprentissage clef, le QI peut évoluer positivement dans un
environnement socio-économique plus favorable, jusqu'à l'adolescence" expliquent ils. Le milieu dans lequel nous vivons revêt une grande importance, car il offre un
soutien. C'est la famille qui transmet le goût et la volonté d'apprendre et de savoir.
4) L'acquis plus fort que l'inné ?
Le neurophysiologue américain Glenn Doman va plus loin et soutient que tous les
enfants peuvent apprendre à lire de façon précoce grâce à une stimulation idoine.
Selon lui, le cerveau d'un enfant de 5 ans atteindrait déjà 80 % de son poids adulte.
"En un mot, c'est la période privilégiée pour apprendre, car l'enfant y est
biologiquement déjà fort capable d'intelligence" assure-t-il. Les parents d'Arthur
Ramiandrisoa, lauréat du bac à onze ans, affirmaient que leur fils n'est pas né
surdoué, mais qu'il l'est devenu grâce à la méthode d'éducation qu'ils ont mise au
point.
Interrogé par une classe sur la meilleure méthode pour devenir intelligent, le
généticien français Albert Jacquard répondit : "Il est très facile de ne pas devenir
intelligent en s'assoupissant dans la passivité des réponses apprises, en renonçant à
l'effort de formuler ses propres questions". Inné et acquis, est-il d'ailleurs possible de
délimiter précisément la part qui revient à chacun ?
B- Les divers types d'intelligence
L'intelligence est-elle réservée à une catégorie d'individus auxquels on
aurait administré un traitement de faveur dès la naissance ? Ou la vie
façonne-t-elle l'intelligence de chacun au gré de ses propres
expériences et de ses influences environnementales ?
Au-delà du concept d'intelligence générale, il serait plus juste de citer
les intelligences qui la composent. Explications avec Michel Huteau,
professeur de psychologie au conservatoire national des arts et métiers.
Si l'homme conserve une singularité, celle-ci réside dans les
circonvolutions de la matière grise. Pour la majorité des
scientifiques, la clé du mystère de l'intelligence humaine
repose davantage sur le cheminement individuel que sur le
phénomène héréditaire. Néanmoins, l'idée de prédispositions
n'est pas à exclure. L'éducation, les apprentissages ainsi que
les influences environnementales englobant les influences
sociales et culturelles subies tout au long de la vie, participent
à forger l'intelligence individuelle. Ces deux vecteurs,
infiniment variables, sont les sculpteurs de notre intelligence. Autrement dit, il n'existe
pas deux intelligences identiques.
L'intelligence générale se divise en deux grands groupes d'intelligence -l'intelligence
abstraite et l'intelligence intuitive- lesquels incluent diverses formes d'intelligences.
1) L'intelligence abstraite
Dans l'intelligence abstraite sont répertoriées :
• L'intelligence logique appelée aussi le raisonnement ;
• L'intelligence verbale incluant la compréhension du langage et l'étendue du
vocabulaire ;
• L'intelligence spatiale liée aux formes dans l'espace (exemple : des papiers
qu'on déplie) ;
• L'intelligence relative à l'imagination (être capable de penser à des choses
nouvelles, partir d'un objet et le faire évoluer vers diverses représentations).
A ce titre, les tests de type QI concernent essentiellement ces formes d'intelligence.
2) L'intelligence intuitive
L'intelligence qualifiée d'intuitive regroupe, quant à elle :
• L’intelligence sociale ;
• L'intelligence émotionnelle ;
• L'intelligence pratique.
L'intelligence sociale se manifeste dans les relations sociales. Elle représente la
capacité à comprendre les émotions et les attitudes des autres envers soi.
L'intelligence émotionnelle est liée, elle, à la capacité à comprendre et à analyser ses
propres émotions mais aussi celles des autres.
L'intelligence pratique, liée à des situations, est celle du bricoleur. Si elle a un rapport
avec l'intelligence logique, l'intelligence pratique reste néanmoins différente.
3) Faire la lumière sur la matière grise
Toutes ces formes d'intelligence sont-elles associées ? Avec une bonne intelligence
logique pour base, avons-nous tendance aussi à posséder une bonne intelligence
sociale ? Dans cette hypothèse, on parlerait d'intelligence générale. La combinaison
de toutes ces formes d'intelligence ancrées en chacun de nous produit une
intelligence générale plus ou moins développée.
Vous pouvez être très fort pour résoudre un problème logique, lequel est forcément
un peu abstrait, mais très embarrassé face à un problème pratique. Par exemple :
vous pouvez, face à un mécanisme à monter, n'éprouver aucune difficulté mais si
votre intelligence logique est faible, cette lacune retentira sur divers paramètres.
Chaque individu possède toutes ces formes d'intelligence à des degrés plus ou
moins élevés.
C- La science a-t-elle un sexe ?
A en croire les statistiques, les hommes sont davantage tournés vers les
sciences exactes, les femmes vers les sciences humaines. Est-ce par
goût, par nature ? Quel est l’influence de la société sur les orientations
scolaires et les choix professionnels ?
Traditionnellement, les hommes semblent vivre dans l’action,
alors que les femmes préfèrent la méditation. Peut-être cette
situation s’explique-t-elle par le fait que la procréation puis les
soins donnés aux enfants ont longtemps contraint les femmes à
rester davantage à la maison ? Les hommes pourvoyaient alors
à leurs besoins. Aujourd’hui, malgré l’évolution des moeurs et
des mentalités, homme et femmes semblent continuer à choisir
des orientations différentes. Comment expliquer ces
divergences ?
1) Langage codé ou préférences sexuées ?
Pour marquer leur connivence, les hommes aiment parler voiture ou autre
technologie et évitent ainsi les sujets intimes. Fiers de leurs connaissances, ils se
vanteront rarement d’avoir été nuls en maths. Pour beaucoup de femmes, c’est au
contraire un luxe que de n’avoir jamais rien compris aux théories abstraites ou d’être
dépassées par la technique ! En revanche, les femmes s’orientent facilement sur des
discussions d’ordre psychologique : elles y excellent, et réussissent à s’affirmer dans
ce domaine jugé frivole par les hommes, qui attendent souvent de la parole qu’elle
débouche sur des actes !
2) La faute des parents ?
Même si les choses sont en train de changer, les parents ont longtemps cherché à
orienter professionnellement les garçons vers des métiers “ sérieux ” et dynamiques
(ingénieur, médecin, informaticien, commercial, etc.) alors que pour les filles, ils
cherchaient davantage à épanouir « leur fibre sensible » (éducatrice, enseignante,
infirmière, puéricultrice, décoratrice, etc.). Si en réalité les frontières professionnelles
hommes-femmes commencent à s’estomper, la pression des parents entretient le
système de différenciation sexuelle. La société à domination encore masculine
encourage, elle aussi, cette attitude conservatrice, qui laisse le plus souvent les
postes de commande aux hommes. Ainsi certains concours des Grandes Ecoles
scientifiques désavantagent toujours les femmes (plus de places offertes aux
candidats masculins). Cette inégalité se retrouve évidemment à l’embauche.
3) Vaincre les habitudes
Pourtant, la volonté d’atténuer les inégalités entre les hommes et les femmes a
permis de constater que celles-ci n’étaient pas dues à un héritage génétique. Il s’agit
donc de briser les "mauvaises habitudes" qui existent depuis des années.
Ainsi, en politique, la loi française impose depuis peu la parité hommes-femmes sur
les listes électorales, afin d’éliminer une discrimination qui n’avait pas de sens. Mais
le retard reste à rattraper dans les domaines où les femmes étaient peu
représentées : médecine, recherche scientifique, cadres d’entreprises, etc.
Pas facile de gommer des traditions séculaires ! Les laboratoires de recherche
restent ainsi dirigés en majorité par des hommes. Marie Curie en 1911 et Irène Joliot-
Curie en 1935 sont parmi la petite dizaine de femmes (11 exactement) à avoir reçu
des prix Nobel scientifiques... sur plus de 400.
D- Hommes-femmes : pas le même cerveau !
Les hommes ont plus de neurones, les femmes sont plus douées pour le
langage… Non ce ne sont pas les élucubrations de misogynes mais le
résultat d’études scientifiques ! Des chercheurs ont comparé les
cerveaux et les aptitudes cognitives des deux sexes et les résultats sont
surprenants…
Les hommes et les femmes ont-ils des performances intellectuelles équivalentes ?
C’est la question que se sont posés de nombreux scientifiques depuis des années.
1) Ce n’est pas la taille qui compte !
Avant tout, les femmes ont-elles le cerveau plus petit que
celui des hommes ? Curieusement, on ne connait pas la
réponse à cette question ! En effet, les résultats des
différentes études sont souvent contradictoires car les
conditions de mesure varient énormément.
Certes, le fait que les femmes soient généralement plus petites laisse penser que le
cerveau est forcément plus réduit. Mais de toute façon, le volume du cerveau n’a rien
à voir avec les capacités intellectuelles ! C’est ce que souligne une étude
américaine1, qui prouve que le nombre total de neurone est indépendant de la taille.
Malgré tout, cette étude dénombre en moyenne 16 % de neurones en plus chez les
hommes…
2) Le langage des sexes
En revanche, il semble démontré que le cerveau des hommes et des femmes ne
fonctionne pas de la même façon ! Ainsi, un chercheur américain a utilisé l’imagerie
médicale pour observer le cerveau de 19 hommes et 19 femmes soumis à des tests
de langage (orthographe, sémantique, prononciation…). Il a constaté que les
hommes faisaient appel à la partie gauche de leur cerveau, alors que les femmes
utilisaient les deux hémisphères.
Mais le chercheur ne mettait pas en évidence de meilleures performances au test
des uns ou des autres. Faut-il en conclure que les hommes ne savent faire
fonctionner qu’un demi-cerveau ou à l’inverse que pour une même tâche, les femmes
ont besoin de plus de matière grise ?
3) Meilleur sens de l’orientation ?
"Les hommes ont un meilleur sens de l’orientation que les femmes" ! Vous avez
certainement déjà entendu cette affirmation ! Et vous vous dites que c’est n’importe
quoi (si vous êtes une femme) ou au contraire que c’est bien vrai (si vous êtes un
homme). La science s’est également posé la question… Et elle semble accréditer la
thèse d’un meilleur sens de l’orientation chez l’homme.
Celui-ci aurait en effet une meilleure perception de la 3D et serait ainsi plus à même
de se diriger. Cela serait lié à une action des hormones mâles lors du développement
du cerveau, qui favoriserait le développement de l’hémisphère droit. Or cette partie
du cerveau est notamment responsable de l’orientation dans l’espace. Et ne dites
pas qu’il y a un biais dû au sexe des chercheurs : plusieurs travaux émanent d’une
femme, Doreen Kimura.
E- L'intelligence démasquée
Des chercheurs européens auraient localisé dans le cerveau le centre de
l'intelligence. Cette récente découverte relance la thèse d'une région
unique du cerveau spécialement dédiée à la réalisation de tâches
complexes - le fameux facteur g proposé dès 1904 par le psychologue
anglais Charles Spearman. Mais cette hypothèse est l'objet de débats
houleux entre les tenants d'une localisation précise et ceux qui estiment
que l'intelligence est un phénomène plus diffus.
Des chercheurs britanniques et allemands estiment avoir localisé une région du
cerveau spécialement responsable de l'intelligence générale. Cette nouvelle relance
le débat entre les partisans d'un centre unique et ceux d'une gestion diffuse de
l'intelligence par le système nerveux central.
1) Comment démasquer la matière grise ?
Le scanner à émissions de positrons est une technique d'imagerie cérébrale
permettant de localiser l'irrigation sanguine des zones du cerveau. Elle met ainsi en
lumière les zones où les neurones sont particulièrement sollicités lors d'une activité
spécifique. Ces zones sont décelables par un débit sanguin plus important, qui
augmente lors de l'activité, en conséquence d'un besoin énergétique accru.
1. Lobe pariétal
2. Lobe frontal
3. Lobe temporal
Les secrets de l’intelligence
11
4. Cervelet
5. Lobe Occipital
L'équipe de chercheurs a filmé le cerveau de patients alors qu'ils devaient réaliser
des tests de quotient intellectuel (QI). Ces tests sont décrits par les chercheurs
comme sollicitant tout particulièrement le concept d'intelligence générale ou
facteur g.
A l'inverse de la théorie selon laquelle l'intelligence générale est la résultante de
différentes fonctions cognitives gérées par plusieurs régions du cerveau, les
chercheurs ont observé une sollicitation particulière d'une zone précise de la surface
latérale du cortex frontal de l'un ou des deux hémisphères.
2) Relancer le débat plutôt que le clore
La vraie question est donc de savoir si l'intelligence (ou plus précisément la
résolution de problèmes complexes) est gérée par une région bien spécifique du
cerveau ou par différentes régions. L'existence d'un centre unique d'intelligence
générale a été évoquée pour la première fois par le psychologue anglais Charles
Spearman dès 1904.
Mais on croyait que cette théorie du fameux facteur g avait vécu et que la vision
d'une gestion diffuse de l'intelligence par le cerveau prédominait alors dans le milieu
scientifique. L'intelligence est considérée comme la combinaison de différentes
sollicitations du cerveau. Cette théorie apparaît moins simpliste que la vision selon
laquelle l'intelligence, à l'instar d'autres fonctions, doit bien se cacher quelque part
dans le cerveau.
Ainsi, cette récente découverte si elle ne représente pas un élément décisif, pourrait
relancer un débat qu'on croyait clos. Cependant, elle n'a pas longtemps attendu pour
que sa portée soit minimisée par ses opposants. Ainsi, dans la même édition du
prestigieux magazine Science qui s'est fait l'écho de cette recherche, Robert J.
Stenberg rappelle que les mesures et la localisation de l'intelligence sont aussi
subjectives que les tests utilisés et les conclusions qu'on peut en tirer.
Selon lui, les tests de QI ne sauraient rendre compte d'une notion aussi complexe
que l'intelligence. Ainsi, il apparaît bien imprudent de pouvoir dire qu'on a localisé
l'intelligence dans le cerveau en identifiant les zones du cerveau sollicitées lors de la
réalisation d'un test de QI.
Entre partisans d'une localisation possible de l'intelligence dans le cerveau et ceux
pour lesquels cette notion fait appel à différentes zones du système nerveux central,
le débat reste ouvert et sera sans aucun doute l'objet de nombreux rebondissements
et discussions houleuses.
F- La bosse des maths n’est pas innée
Des chercheurs français ont étudié le cerveau de Rudiger Gramm,
prodige du calcul mental. Capable de calculer la racine carrée de 973 847
en quelques secondes, ce jeune allemand de 26 ans n’utilise pas son
cerveau comme le commun des mortels. Il sollicite, en plus, les zones
dédiées à la mémoire à long terme.
Pouvez-vous calculer 53 à la puissance 9 ou le sinus de 287 ? Et bien, Rudiger
Gamm, roi du calcul mental peut donner la réponse en quelques secondes, tout
comme il peut diviser 31 par 61 en donnant les 60 chiffres après la virgule. Ce jeune
allemand est l’un des très rares surdoués des mathématiques. Pour découvrir son
"truc", une équipe du CNRS de Caen, spécialisée en imagerie neurofonctionnelle a
passé au crible son cerveau.
1) Quel est son truc ?
A l’école, Rudiger Gramm n’était pas un élève particulièrement doué et avoue même
au magazine américain Time ne jamais avoir compris les explications de ses
professeurs. Ce n’est qu’à 20 ans qu’il découvrit cette étrange faculté. Depuis cette
date, il se plonge dans des livres de calcul et s’entraîne quotidiennement. Véritable
phénomène de cirque, il exerce son don dans des shows télévisés.
Alors que de nombreuses recherches se sont intéressées au langage, peu de
travaux ont eu pour thème les aires du cerveau dédiées au calcul. L’équipe de
Nathalie Tzourio-Mazoyer du Groupe d’Imagerie Neurofonctionnelle (GIN) du CNRS
de Caen s’est associée à des chercheurs belges de l’Université Catholique de
Louvain pour découvrir les zones du cerveau sollicitées par Rudiger Gamm*.
L'activation d'une région du cerveau s'accompagne d'une augmentation locale du flux
sanguin qui peut être visualisée grâce à un procédé de scanner particulier appelé
tomographie par émission de positons (TEP). C’est cette technique qui a été utilisé
pour mettre en lumière les secrets de sa matière grise.
2) La bosse des maths
Les méthodes mentales de calcul du jeune allemand ont été comparées avec celles
des personnes ordinaires. Résultats : les facultés exceptionnelles ne sont pas
obtenues par une augmentation de l’activité des processus existant chez les nonexperts.
L’expert a la faculté de basculer de la mémoire de travail vers la mémoire
épisodique.
Sur cette vue en trois dimension du cerveau de
référence vu de dessus on voit en vert les aires
cérébrales activées pendant le calcul complexe chez
R. Gamm et chez les calculateurs communs et en
rouge les aires qui sont activées par le calculateur
prodige, R. Gamm, uniquement.
La première est utilisée par tous les participants pour des calculs simples et sollicite
les zones pariétales et frontales du cerveau. Elle permet de mémoriser une
information sur une courte durée. Elle sert à se repérer dans l’espace ou à retenir un
numéro de téléphone.
Mais le cerveau du prodige se distingue par l’utilisation de la seconde, qui est
généralement utilisée pour conserver des épisodes de notre vie de manière quasipermanente.
On peut donc supposer que c’est là qu’il stocke les résultats de calculs
intermédiaires d’opérations complexes.
Disposant de ces très nombreuses "briques" comme nous des tables de
multiplications, il est capable de résoudre des opérations mathématiques très
compliquées comme nous, nous savons que 3 fois 7 est égal à 21.
3) Plus acquise qu’innée
M. Gamm entretient cette faculté très particulière en s’entraînant plusieurs fois par
jour et en mémorisant des tables de calcul. Il ne s’agit donc pas d’un don, mais bien
d’un talent acquis. De plus amples recherches seront nécessaires pour déterminer
pourquoi ce dernier est limité au seul calcul.
* Nature Neuroscience, January 2001 Volume 4 Number 1 pp 103 - 107
G- Le cerveau artificiel n'est pas pour demain
Certains mathématiciens ont imaginé remplacer le cerveau humain par
une machine. Un rêve fou ? En tout cas, on semble en être loin et nos
bons vieux neurones ont encore de beaux jours devant eux. Malgré tout,
les recherches en intelligence artificielle progressent et à défaut de
pouvoir penser grâce à un ordinateur, l'homme de demain devrait
disposer de nombreux outils d'aide à la décision.
Un ordinateur, Deep Blue, gagne aux échecs
contre celui qui était jusqu'à la semaine dernière
le plus grand champion de la discipline, Kasparov
. D'autres composent de la musique, d'autres
encore tel Da Vinci aident les chirurgiens dans
certains actes opératoires…
En 1985, le système Nettalk a aussi fait la preuve que des machines peuvent être
dotées d'un certain pouvoir de lecture. Mais, quant à reproduire les performances du
cerveau humain, c'est une autre histoire ! Et l'idée de simuler avec un ordinateur le
processus de la pensée qui définit l'intelligence artificielle, reste quelque peu
théorique. De nombreux scientifiques se demandent même si elle a un sens.
De fait, cinquante ans après la naissance du concept d'intelligence artificielle qu'on
doit en grande partie aux mathématiciens et informaticiens américains, John Von
Neumann, Norbert Wiener et Marvin Minsky, les travaux en ce domaine paraissent
aujourd'hui moins "à la mode" et les buts que se fixent les chercheurs sont devenus
plus modestes.
1) De multiples difficultés
Les avancées informatiques ont été colossales en quelques décennies ; la puissance
des microprocesseurs continue de doubler tous les 18 mois. Pourtant, parmi les
objectifs retenus dans le "Handbook of Artificial Intelligence" du début des années 80,
peu ont été atteints. Les raisons en sont multiples.
En premier lieu, le fonctionnement intime du cerveau est très complexe et les
mécanismes mis en place pour réaliser de nombreux travaux intellectuels demeurent
ignorés. Pour ce motif, on ne sait donc pas encore comment programmer les
ordinateurs et ceux qui ont été fabriqués pour effectuer certaines tâches, par
exemple jouer aux échecs, utilisent des mécanismes différents de ceux qui sont
activés par le cerveau humain. Dans ce jeu, l'ordinateur passe, par exemple, en
revue systématiquement des milliers de positions possibles, alors que l'homme
imagine une stratégie.
Si elles ont démontré leurs capacités aux échecs, les machines échouent d'ailleurs
au jeu de go. En outre, le nombre de connexions que peuvent réaliser les ordinateurs,
même s'il a beaucoup augmenté, reste très inférieur à celui du cortex !
Dans un entretien accordé l'an dernier au journal "Le Monde", le chercheur
britannique, Hugo de Garis, estimait que grâce aux techniques nouvelles d'ingénierie
évolutive, il est désormais possible de concevoir "une première version de machine
comptant 64 000 circuits, chacun contenant l'équivalent de 1 000 cellules artificielles
similaires aux neurones biologiques et représentant au total presque 75 millions de
neurones". Pour ce scientifique, le chiffre de 1 milliard d'équivalents de neurones
pourrait être obtenu dans 2 ou 3 ans et on devrait voir dans 50 ans les premières
machines massivement intelligentes. Mais le chemin à parcourir reste long, car le
cerveau humain comporte 100 milliards de neurones.
2) Une priorité : améliorer les interfaces homme-machine
Autre point délicat dans la mise au point des programmes d'intelligence artificielle : la
maîtrise du dialogue entre l'homme et la machine. Davantage que la "mémoire" de
l'ordinateur, c'est ainsi son "langage" qui semble pouvoir le rendre "intelligent". Les
chercheurs recourent d'ailleurs aujourd'hui beaucoup aux services de linguistes, la
connaissance des structures du langage humain fournissant des indications
précieuses pour la conception et la programmation des machines.
Pour Jean-Luc Soubie, chercheur à l'institut de recherche en informatique de
Toulouse (IRIT), on ne peut parler d'essoufflement de la recherche en intelligence
artificielle. Comme bien d'autres disciplines scientifiques, cette dernière "progresse à
son rythme". Mais il est vrai qu'en l'an 2000, l'objectif des chercheurs est plus "d'aider
l'homme que de chercher à remplacer des fonctions cérébrales fondamentales".
"Les machines peuvent calculer, évaluer des situations, faire des diagnostics,
planifier, répondre à des questions, (re)découvrir des lois mathématiques..." ou
même "imiter des comportements humains, aider à la créativité, voire exécuter des
réalisations artistiques obéissant à des lois de composition et à de l'aléatoire…",
précise ainsi, Henri Prade, lui aussi chercheur à l'IRIT, dans un article à paraître
prochainement dans le bulletin de l'association française pour l'intelligence artificielle
(AFIA).
3) Reconnaissance du langage, vision, aide au diagnostic…
En dehors de la robotique, qui a connu d'importantes avancées, quelques
applications de l'intelligence artificielle au sens large existent déjà, même si elles
demeurent limitées. Selon le chercheur John McCarthy de l'université Stanford, l'une
d'entre elles concerne la reconnaissance de la parole qu'on sait obtenir, peu ou prou,
des machines depuis environ 10 ans.
Certains ordinateurs savent aussi "lire" des séquences très réduites de textes et des
programmes de traduction automatique sont aujourd'hui disponibles. Il faut
cependant avouer que ces derniers font de nombreuses erreurs et s'avèrent plutôt
décevants. Les technologies de reconnaissance visuelle devraient, quant à elles,
assez rapidement améliorer la vie des aveugles. Mais là encore, les capacités des
ordinateurs à traduire l'image d'un objet en trois dimensions en deux dimensions
demeurent notablement inférieures à celles des yeux humains.
H- Pour réfléchir, dormez !
Non, dormir n’est pas uniquement destiné au repos du corps et de
l’esprit. Au contraire ! Une bonne nuit de sommeil permettrait à nos
neurones de résoudre les problèmes de la journée. Loin de se relâcher,
notre cerveau serait toujours au travail. La nuit porte conseil, c’est
prouvé !
Nous passons un tiers de notre vie à dormir. Mais quelle est la fonction exacte du
sommeil ? Aujourd’hui les scientifiques lèvent le voile sur une partie des mystères de
nos nuits.
1) Privé de sommeil !
Que font nos neurones pendant le sommeil ? Se mettent-ils à
fonctionner de manière erratique, ce qui engendrait nos rêves ?
C’est ce qu’a voulu savoir un groupe de chercheurs allemands.
Ceux-ci ont ainsi pris 106 volontaires, auxquels ils ont soumis de
manière fugitive des casse-tête divers. Dans ces exercices
mentaux, il fallait dégager des structures cachées au coeur de
nombres. En fait, on montrait un problème très rapidement aux
étudiants, pour ne leur soumettre ensuite que le lendemain matin. Entre-temps, une
partie des cobayes avaient droit à huit heures de sommeil, alors que les autres en
étaient privés à des degrés divers. Certains passaient même carrément une nuit
blanche !
2) Le cerveau ne s’arrête jamais !
Le lendemain matin, les volontaires étaient de nouveau placés devant le problème en
question avec nécessité de le résoudre cette fois. Et les résultats sont
impressionnants : ceux qui avaient eu une nuit de sommeil complète étaient deux fois
plus nombreux à trouver la solution que ceux du groupe "nuit blanche". Quant à ceux
qui avaient été privé de repos à des degrés divers, leurs performances semblaient
directement corrélée à la longueur de leur nuit.
Ainsi, il semble que durant le sommeil, le cerveau se penche sur les problèmes de la
journée, afin de les résoudre. Selon les scientifiques allemands, ce serait les phases
de sommeil profond, et non celles de sommeil paradoxal (lors desquelles se
produisent les rêves), qui permettraient aux neurones de se concentrer sur les
problèmes de la journée.
3) Nuit blanche et idées noires
Cette recherche est ainsi extrêmement intéressante. Non seulement, il faut bien
dormir pour aborder la journée avec un cerveau en pleine forme, mais cela serait
également nécessaire pour "digérer" les informations de la veille. Le fameux dicton
"la nuit porte conseil" prendrait ainsi tout son sens. Certes, il faut relativiser : le fait de
ne pas dormir ou de manquer de sommeil a peut-être simplement diminué les
capacités des volontaires, moins apte ensuite à résoudre les problèmes.
Ceux qui avaient bien dormi pouvaient ainsi avoir un cerveau "plus frais" et non des
neurones ayant réfléchi toute la nuit ! Il faudra d’autres expériences pour confirmer
l’hypothèse des chercheurs allemands.
Dans tous les cas, le sommeil n’est pas à négliger pour garder des capacités
intellectuelles au meilleur de leur forme. Car on sait déjà qu’il est indispensable à la
concentration et au fonctionnement de la mémoire. Alors que vous soyez étudiant ou
simplement amateur de mots croisés, n’oubliez pas : l’oreiller est votre allié
Les secrets de l'intelligence
Partie I
Coach M'baye
Merci infiniment
RépondreSupprimerVraiment pertinent et cohérent.
Merci également c pertinent machallah
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