Je dois préciser d’emblée que j’envisageais de rendre hommage à Oumar Ould Beibacar bien avant aujourd’hui. Tout juste après avoir lu ses écrits sur le combat des Flam, l’esclavage, la bataille de Toumsi et enfin sur le coup d’Etat de 1989 et la mort héroïque du lieutenant Ba Seydi.
Mais je voulais prendre mon temps, celui de murir, d’affiner ma communication afin qu’elle soit digne de l’homme que je voulais honorer. Or, compte tenu de l’envergure et de la place que je lui conférais au regard de mes paramètres d’appréhension, la gestation du texte souhaité réclamait plus de temps !
Mais voilà, une fois encore le cours des événements est venu perturber mon calendrier m’imposant de m’exprimer presque tout de suite… Car après son arrestation prendre la parole devenait à mes yeux, un devoir de vérité et un sursaut patriotique.
En effet, ce 28 novembre 2015, alors qu’il venait de terminer l’animation d’une conférence sur le thème : « Inal-a-t-il définitivement entaché le 28 Novembre? », Oumar Ould Beibacar a été arrêté par la police mauritanienne et conduit à une destination inconnue. Comme j’aurai voulu voir la mine du flic qui aura à affronter le regard d’acier d’Oumar…
Oumar Ould Beibacar n’est ni un chef de parti, ni le président d’une organisation de la société civile, encore moins un de ces richissimes hommes d’affaire ; et pourtant son arrestation nous interpelle tous. Pourquoi le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz a-t-il décidé de mettre au cachot Oumar Ould Beibacar ? Pourquoi son arrestation est-elle intervenue après la tenue de cette conférence ? Enfin quelles peuvent être les conséquences de cet acte ?
Mais avant de proposer des éléments de réponse à ces interrogations, je ne puis faire l’économie de souligner d’abord ces traits de caractère qui élèvent l’homme très haut au dessus du commun des mortels.
I. Un homme d’honneur…
Je sais que cette expression (sens de l’honneur) est si bien galvaudée par les uns et les autres qu’elle est familière à la majorité. Et pourtant, demandez aux Mauritaniens de vous définir ce qu’ils entendent par ce premier terme du tryptique érigé en devise de notre pays, et vous verrez alors tout l’écart qui sépare la familiarité d’une expression et sa connaissance effective.
Après la raison, l’honneur est cette réalité abstraite qui met plus l’être humain en évidente en le distinguant des autres espèces du règne animal. Mais l’honneur est surtout la crème de toute rationalité. En effet, si l’absence de la raison ne peut s’accommoder de l’honneur, celui-ci transcende et dépasse celui-là comme un plus en puissance n.
Ainsi, avoir le sens de l’honneur suppose non seulement que vous êtes un humain à part entière mais aussi que vous appartenez au meilleur du genre humain. Voilà pourquoi nous brandissons cette qualité à chaque fois que nous estimons que l’autre, de par son comportement, semble ignorer notre plus value humaine ; le plus souvent d’ailleurs, plus pour se convaincre soi-même que pour persuader l’autre.
Mais de par son essence, l’honneur ne se proclame pas, il se traduit dans l’attitude de l’homme dans la société. Il se manifeste dans l’intégrité dont nous faisons montre dans note rapport à l’autre, dans notre capacité à nous conformer à nos idéaux, mais encore et surtout dans l’harmonie psychique qui résulte de la dialectique endogène perpétuelle qui confronte notre conscient à notre subconscient.
Avoir le sens de l’honneur est, vous l’aurez compris, plus facile à affirmer qu’à vivre ; d’autant que pour vivre en homme ou femme d’honneur, les meilleurs d’entre nous sont obligés de devoir empiéter sur leurs intérêts individuels immédiats, s’opposer bien des fois à ceux qu’ils aiment, notamment aux membres de leur famille, et bien souvent encore à leur communauté ethnique, tribale, linguistique et religieuse.
Parce que vivre en homme ou femme d’honneur, c’est faire ce que l’on dit, mais c’est aussi dire que l’on fait. C’est donc se situer loin du mensonge, par l’affirmation constante de la vérité même si celle-ci dissout vos intérêts matériels, suscite l’animosité de vos proches et vous fait courir le risque non moins négligeable d’être l’oublié d’une certaine histoire !
Oumar Ould Beibacar est un homme d’honneur et cela au sens le plus valeureux du terme. Un homme d’honneur dans la tradition militaire authentique. Celle-là même qui fait préférer au soldat, digne du métier des armes, la mort au déshonneur ; de choisir de garder le silence pour éviter le mensonge, de défendre le faible face à l’outrage du puissant.
Il ose rétablir la vérité sur l’histoire politique de la Mauritanie dont il montre, preuves à l’appui, qu’elle a été outrancièrement falsifiée par des lobbies racistes longtemps tapies dans les régimes qui se sont succédé au pouvoir dans notre pays.
Très au dessus de toutes considérations racistes ou communautaristes, le colonel retraité n’hésite pas à voler au secours de ses frères d’arme, martyr du régime sanguinaire de Taya.
Ainsi, dans un article que j’ai lu le 29 octobre 2015 sur le site d’information cridem, Oumar ould Beibacar revient largement sur les motivations, le déroulement et l’exécution des trois officiers négro-mauritaniens Sarr Amadou, Sy Saïdou et Ba Seydi, principaux auteurs de la tentative de coup d’Etat de 1987.
Contrairement à ce qui fut jusque là admis, parce que savamment distillé par les propagandes du régime de Ould Taya et ses héritiers, il révèle, avec une plume saisissante que ces trois soldats n’étaient ni des ‘’diables aux longues queues’’, ni des racistes qui voulaient changer la dénomination de la Mauritanie et de sa monnaie, ni des traitres qui voulaient chasser les Maures du pays.
Ils étaient tout simplement mus par le désir de reprendre les commandes du pays pour le refonder sur des bases justes et égalitaires. La preuve, nous dit Ould Beibacar, est qu’ils envisageaient de confier le poste clé de chef d’Etat major des forces armées à Mohamed Ould Lekhal, lui-même maure.
Alliant la narration à l’analyse, le vieil officier supérieur de la garde nous raconte alors la grande bravoure, le sens de l’honneur, la lucidité et la ferveur dont fit preuve Ba Seydi tant face à ses pseudo-juges que face à la mort certaine. Aussi finit-il son épopée par ces mots : « Seydi Ba, Seydi Ba, Seydi Ba » pour rendre hommage à son frère d’arme négro-mauritanien dont les hauts faits d’armes l’ont, visiblement, ému.
A mon tour de vous dire ceci, mon colonel, si le comportement exemplaire de Ba Seydi vous a ému au point de vous enthousiasmer, c’est bien parce que vous êtes un homme d’honneur ! Oui, je n’ai pas l’ombre d’un doute que si le destin vous avait mis à la place de Ba Seydi (ce que je ne vous souhaite point), vous auriez eu la même attitude courageuse, honnête et honorable.
Vous n’êtes décidément pas de ces soldatons qui, une nuit de novembre 1990, face à des frères d’ armes désarmés n’ont eu d’autre idée que de les assassiner. Pendre ou tirer sur un soldat désarmé, même lorsque c’est votre ennemi, en situation de guerre, aucun soldat digne des traditions guerrières ne le fait.
C’est une attitude tout simplement méprisable. Que dire donc de tous ceux qui ont attaqué des civils, violé des femmes ! Comment une armée digne de ce nom peut accepter d’avoir en son sein des hommes, j’allais dire des criminels d’une telle bassesse !
Comment messieurs les officiers, sous-officiesr, hommes de troupes qui êtes innocents et gardez encore le sens de l’honneur du soldat, pouvez vous accepter en votre sein des assassins et des tortionnaires ? En n’osant pas affronter les oppresseurs du peuple mauritanien que vous aviez le devoir de protéger, vous devenez de facto les complices d’une bassesse indigne, non pas seulement du soldat, mais de l’homme tout court !
Oumar Ould Beibacar, lui, est d’une autre trempe. J’ose espérer qu’il n’est pas l’exception et que dans les rangs de notre armée, existent encore des soldats courageux, honnêtes et dignes !
II. Un homme intellectuellement honnête et moralement fascinant
Libéré de l’armée et de son devoir de réserve, le colonel Oumar Ould Beibacar lance un regard rétrospectif particulièrement pointu sur l’histoire politique de notre pays. Toujours dans le souci de rétablir la vérité oblitérée par des années de propagande mensongère, il revint sur le combat mené par l’élite intellectuelle négro-africaine contre le racisme d’Etat érigé en système de gouvernance.
C’est ainsi qu’il confirme ce que ces pauvres Flamistes (FPC) ont tout le temps affirmé, c’est-à-dire que jamais dans leur action politique ils n’ont pensé, et à fortiori, développé un quelconque discours raciste à l’encontre de leurs compatriotes maures.
L’homme dont la position et le grade ont permis de savoir et révéler comment les services secrets mauritaniens sous le régime de Mouawiya ould Taya ont réécrit le « manifeste du négro-mauritanien opprimé » publié par les Flam en 1986, sous le couvert de traduction, y introduisant des propos à caractère raciste dans le seul but de diaboliser ces vaillants patriotes par intoxication de l’opinion maure.
Mieux encore, en montrant comment les lobbies racistes créent et entretiennent un lien entre les Flam et les présumés putschistes de 1987 pour corroborer l’idée d’un complot négro-africain contre les Maures, Oumar Ould Beibacar sonne le glas de la dernière pièce du puzzle par lequel les assassins et autres tortionnaires des militaires et civils négro-mauritaniens justifiaient leur forfait!
Ne disaient-ils pas que les purges anti-négro-africaines de 1989 à 1991 étaient la conséquence du « complot ourdi par les Flam (aile civile et militaire) contre les Maures de Mauritanie ?
En effet, en 1989, après avoir déporté et chassé plus de 120 000 Négro-mauritaniens vers le Sénégal et le Mali, le régime de Ould Taya (à l’époque protégé par le Président actuel alors commandant du BSEP) s’est adonné à une véritable opération de dénégrification de la Mauritanie.
Aussi des milliers de civils furent exterminés sauvagement dans toutes les régions de la Mauritanie. La nuit du 27 au 28 novembre 1990, 28 soldats négro-mauritaniens furent pendus à Inal par leurs frères d’arme pour célébrer à leur manière l’indépendance de la Mauritanie.
Enfin, moins d’une année après, en 1991, ce sont plus de 500 autres soldats, tous négro-mauritaniens, qui furent exécutés ça et là dans différentes casernes militaires sous le prétexte fallacieux qu’ils conspiraient contre je ne sais quel diable !
Voilà, entre autres, les terribles VERITES réaffirmées par Oumar Ould Beibacar et qui, de mon point de vue, lui valent l’incarcération dans les geôles de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Eh bien si dire ces vérités entraine la prison, je demande à nos autorités de venir me chercher pour m’embastiller. Oui, j’écris que je serai bien honoré d’aller rejoindre cet ami – par la morale et les idées – que je n’ai pourtant jamais eu l’honneur de rencontrer, dans le cachot de leur choix !
Tous les intellectuels progressistes de ce pays ont le devoir ultime de suivre cette dynamique au risque de sur peupler les prisons de Mohamed Ould Abdel Aziz ! Dans un pays miné par l’oppression multidimensionnelle, la place des honnêtes hommes n’est nulle part ailleurs qu’en prison !
Mon colonel ! Pour vous et vous seulement, je me mets au garde-à vous ! Vous qui, de par votre valeur intrinsèque, valez bien des généraux de nos temps modernes réunis !
Par son arrogance et l’oppression croissante exercée sur les Négro-africains de Mauritanie et les Hratines, le régime actuel compromet déjà gravement d’unité nationale, en arrêtant les éléments progressiste de la communauté maure, il tue, consciemment ou inconsciemment tout espoir de voir les communautés mauritaniennes opérer une jonction heureuse et trouver les meilleures solutions au crucial problème de la cohabitation. Savez-vous combien de Négro-mauritaniens ont vu leur colère s’atténuer, leur frustration s’édulcorer rien qu’en lisant Oumar Ould Beibacar ?
Nos gouvernants actuels vont-ils continuer à envoyer au bagne tout Mauritanien obéissant à sa conscience et qui ose rétablir la vérité ? Après Ould Mkheitir qui défendait les forgerons, Biram Dah et Brahim Bilal qui souhaitaient libérer les esclaves et Oumar ould Beibacar qui voulait soigner les blessures de ses frères Négro-mauritaniens (racisme d’Etat, esclavage) et donner enfin l’occasion aux Mauritaniens de discuter pour refaire leur unité, le régime actuel va-t-il arrêter tous les progressistes de ce pays ?
Oui, va-t-il faire arrêter un certain Isselkou Ould Abdel Kader, un certain Mohamed Hanefi, faire extrader un certain Gemal Ould Yassa… et briser à jamais l’espoir de voir la Mauritanie faire la paix avec elle-même ? Quelle terrible destinée que cette d’un pouvoir qui envoie au cachot les meilleurs de ses citoyens !
Chacun à le devoir d’évaluer lucidement la situation et surtout avoir le courage de s’impliquer ; l’avenir de la Mauritanie a, aujourd’hui plus que jamais, besoin que ses intellectuels s’expriment, que ses citoyens se réveillent et que son peuple se recompose pour enfin reconquérir la verticale !
Mamadou Kalidou BA
Nouakchott le 02 décembre 2015
Mais je voulais prendre mon temps, celui de murir, d’affiner ma communication afin qu’elle soit digne de l’homme que je voulais honorer. Or, compte tenu de l’envergure et de la place que je lui conférais au regard de mes paramètres d’appréhension, la gestation du texte souhaité réclamait plus de temps !
Mais voilà, une fois encore le cours des événements est venu perturber mon calendrier m’imposant de m’exprimer presque tout de suite… Car après son arrestation prendre la parole devenait à mes yeux, un devoir de vérité et un sursaut patriotique.
En effet, ce 28 novembre 2015, alors qu’il venait de terminer l’animation d’une conférence sur le thème : « Inal-a-t-il définitivement entaché le 28 Novembre? », Oumar Ould Beibacar a été arrêté par la police mauritanienne et conduit à une destination inconnue. Comme j’aurai voulu voir la mine du flic qui aura à affronter le regard d’acier d’Oumar…
Oumar Ould Beibacar n’est ni un chef de parti, ni le président d’une organisation de la société civile, encore moins un de ces richissimes hommes d’affaire ; et pourtant son arrestation nous interpelle tous. Pourquoi le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz a-t-il décidé de mettre au cachot Oumar Ould Beibacar ? Pourquoi son arrestation est-elle intervenue après la tenue de cette conférence ? Enfin quelles peuvent être les conséquences de cet acte ?
Mais avant de proposer des éléments de réponse à ces interrogations, je ne puis faire l’économie de souligner d’abord ces traits de caractère qui élèvent l’homme très haut au dessus du commun des mortels.
I. Un homme d’honneur…
Je sais que cette expression (sens de l’honneur) est si bien galvaudée par les uns et les autres qu’elle est familière à la majorité. Et pourtant, demandez aux Mauritaniens de vous définir ce qu’ils entendent par ce premier terme du tryptique érigé en devise de notre pays, et vous verrez alors tout l’écart qui sépare la familiarité d’une expression et sa connaissance effective.
Après la raison, l’honneur est cette réalité abstraite qui met plus l’être humain en évidente en le distinguant des autres espèces du règne animal. Mais l’honneur est surtout la crème de toute rationalité. En effet, si l’absence de la raison ne peut s’accommoder de l’honneur, celui-ci transcende et dépasse celui-là comme un plus en puissance n.
Ainsi, avoir le sens de l’honneur suppose non seulement que vous êtes un humain à part entière mais aussi que vous appartenez au meilleur du genre humain. Voilà pourquoi nous brandissons cette qualité à chaque fois que nous estimons que l’autre, de par son comportement, semble ignorer notre plus value humaine ; le plus souvent d’ailleurs, plus pour se convaincre soi-même que pour persuader l’autre.
Mais de par son essence, l’honneur ne se proclame pas, il se traduit dans l’attitude de l’homme dans la société. Il se manifeste dans l’intégrité dont nous faisons montre dans note rapport à l’autre, dans notre capacité à nous conformer à nos idéaux, mais encore et surtout dans l’harmonie psychique qui résulte de la dialectique endogène perpétuelle qui confronte notre conscient à notre subconscient.
Avoir le sens de l’honneur est, vous l’aurez compris, plus facile à affirmer qu’à vivre ; d’autant que pour vivre en homme ou femme d’honneur, les meilleurs d’entre nous sont obligés de devoir empiéter sur leurs intérêts individuels immédiats, s’opposer bien des fois à ceux qu’ils aiment, notamment aux membres de leur famille, et bien souvent encore à leur communauté ethnique, tribale, linguistique et religieuse.
Parce que vivre en homme ou femme d’honneur, c’est faire ce que l’on dit, mais c’est aussi dire que l’on fait. C’est donc se situer loin du mensonge, par l’affirmation constante de la vérité même si celle-ci dissout vos intérêts matériels, suscite l’animosité de vos proches et vous fait courir le risque non moins négligeable d’être l’oublié d’une certaine histoire !
Oumar Ould Beibacar est un homme d’honneur et cela au sens le plus valeureux du terme. Un homme d’honneur dans la tradition militaire authentique. Celle-là même qui fait préférer au soldat, digne du métier des armes, la mort au déshonneur ; de choisir de garder le silence pour éviter le mensonge, de défendre le faible face à l’outrage du puissant.
Il ose rétablir la vérité sur l’histoire politique de la Mauritanie dont il montre, preuves à l’appui, qu’elle a été outrancièrement falsifiée par des lobbies racistes longtemps tapies dans les régimes qui se sont succédé au pouvoir dans notre pays.
Très au dessus de toutes considérations racistes ou communautaristes, le colonel retraité n’hésite pas à voler au secours de ses frères d’arme, martyr du régime sanguinaire de Taya.
Ainsi, dans un article que j’ai lu le 29 octobre 2015 sur le site d’information cridem, Oumar ould Beibacar revient largement sur les motivations, le déroulement et l’exécution des trois officiers négro-mauritaniens Sarr Amadou, Sy Saïdou et Ba Seydi, principaux auteurs de la tentative de coup d’Etat de 1987.
Contrairement à ce qui fut jusque là admis, parce que savamment distillé par les propagandes du régime de Ould Taya et ses héritiers, il révèle, avec une plume saisissante que ces trois soldats n’étaient ni des ‘’diables aux longues queues’’, ni des racistes qui voulaient changer la dénomination de la Mauritanie et de sa monnaie, ni des traitres qui voulaient chasser les Maures du pays.
Ils étaient tout simplement mus par le désir de reprendre les commandes du pays pour le refonder sur des bases justes et égalitaires. La preuve, nous dit Ould Beibacar, est qu’ils envisageaient de confier le poste clé de chef d’Etat major des forces armées à Mohamed Ould Lekhal, lui-même maure.
Alliant la narration à l’analyse, le vieil officier supérieur de la garde nous raconte alors la grande bravoure, le sens de l’honneur, la lucidité et la ferveur dont fit preuve Ba Seydi tant face à ses pseudo-juges que face à la mort certaine. Aussi finit-il son épopée par ces mots : « Seydi Ba, Seydi Ba, Seydi Ba » pour rendre hommage à son frère d’arme négro-mauritanien dont les hauts faits d’armes l’ont, visiblement, ému.
A mon tour de vous dire ceci, mon colonel, si le comportement exemplaire de Ba Seydi vous a ému au point de vous enthousiasmer, c’est bien parce que vous êtes un homme d’honneur ! Oui, je n’ai pas l’ombre d’un doute que si le destin vous avait mis à la place de Ba Seydi (ce que je ne vous souhaite point), vous auriez eu la même attitude courageuse, honnête et honorable.
Vous n’êtes décidément pas de ces soldatons qui, une nuit de novembre 1990, face à des frères d’ armes désarmés n’ont eu d’autre idée que de les assassiner. Pendre ou tirer sur un soldat désarmé, même lorsque c’est votre ennemi, en situation de guerre, aucun soldat digne des traditions guerrières ne le fait.
C’est une attitude tout simplement méprisable. Que dire donc de tous ceux qui ont attaqué des civils, violé des femmes ! Comment une armée digne de ce nom peut accepter d’avoir en son sein des hommes, j’allais dire des criminels d’une telle bassesse !
Comment messieurs les officiers, sous-officiesr, hommes de troupes qui êtes innocents et gardez encore le sens de l’honneur du soldat, pouvez vous accepter en votre sein des assassins et des tortionnaires ? En n’osant pas affronter les oppresseurs du peuple mauritanien que vous aviez le devoir de protéger, vous devenez de facto les complices d’une bassesse indigne, non pas seulement du soldat, mais de l’homme tout court !
Oumar Ould Beibacar, lui, est d’une autre trempe. J’ose espérer qu’il n’est pas l’exception et que dans les rangs de notre armée, existent encore des soldats courageux, honnêtes et dignes !
II. Un homme intellectuellement honnête et moralement fascinant
Libéré de l’armée et de son devoir de réserve, le colonel Oumar Ould Beibacar lance un regard rétrospectif particulièrement pointu sur l’histoire politique de notre pays. Toujours dans le souci de rétablir la vérité oblitérée par des années de propagande mensongère, il revint sur le combat mené par l’élite intellectuelle négro-africaine contre le racisme d’Etat érigé en système de gouvernance.
C’est ainsi qu’il confirme ce que ces pauvres Flamistes (FPC) ont tout le temps affirmé, c’est-à-dire que jamais dans leur action politique ils n’ont pensé, et à fortiori, développé un quelconque discours raciste à l’encontre de leurs compatriotes maures.
L’homme dont la position et le grade ont permis de savoir et révéler comment les services secrets mauritaniens sous le régime de Mouawiya ould Taya ont réécrit le « manifeste du négro-mauritanien opprimé » publié par les Flam en 1986, sous le couvert de traduction, y introduisant des propos à caractère raciste dans le seul but de diaboliser ces vaillants patriotes par intoxication de l’opinion maure.
Mieux encore, en montrant comment les lobbies racistes créent et entretiennent un lien entre les Flam et les présumés putschistes de 1987 pour corroborer l’idée d’un complot négro-africain contre les Maures, Oumar Ould Beibacar sonne le glas de la dernière pièce du puzzle par lequel les assassins et autres tortionnaires des militaires et civils négro-mauritaniens justifiaient leur forfait!
Ne disaient-ils pas que les purges anti-négro-africaines de 1989 à 1991 étaient la conséquence du « complot ourdi par les Flam (aile civile et militaire) contre les Maures de Mauritanie ?
En effet, en 1989, après avoir déporté et chassé plus de 120 000 Négro-mauritaniens vers le Sénégal et le Mali, le régime de Ould Taya (à l’époque protégé par le Président actuel alors commandant du BSEP) s’est adonné à une véritable opération de dénégrification de la Mauritanie.
Aussi des milliers de civils furent exterminés sauvagement dans toutes les régions de la Mauritanie. La nuit du 27 au 28 novembre 1990, 28 soldats négro-mauritaniens furent pendus à Inal par leurs frères d’arme pour célébrer à leur manière l’indépendance de la Mauritanie.
Enfin, moins d’une année après, en 1991, ce sont plus de 500 autres soldats, tous négro-mauritaniens, qui furent exécutés ça et là dans différentes casernes militaires sous le prétexte fallacieux qu’ils conspiraient contre je ne sais quel diable !
Voilà, entre autres, les terribles VERITES réaffirmées par Oumar Ould Beibacar et qui, de mon point de vue, lui valent l’incarcération dans les geôles de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Eh bien si dire ces vérités entraine la prison, je demande à nos autorités de venir me chercher pour m’embastiller. Oui, j’écris que je serai bien honoré d’aller rejoindre cet ami – par la morale et les idées – que je n’ai pourtant jamais eu l’honneur de rencontrer, dans le cachot de leur choix !
Tous les intellectuels progressistes de ce pays ont le devoir ultime de suivre cette dynamique au risque de sur peupler les prisons de Mohamed Ould Abdel Aziz ! Dans un pays miné par l’oppression multidimensionnelle, la place des honnêtes hommes n’est nulle part ailleurs qu’en prison !
Mon colonel ! Pour vous et vous seulement, je me mets au garde-à vous ! Vous qui, de par votre valeur intrinsèque, valez bien des généraux de nos temps modernes réunis !
Par son arrogance et l’oppression croissante exercée sur les Négro-africains de Mauritanie et les Hratines, le régime actuel compromet déjà gravement d’unité nationale, en arrêtant les éléments progressiste de la communauté maure, il tue, consciemment ou inconsciemment tout espoir de voir les communautés mauritaniennes opérer une jonction heureuse et trouver les meilleures solutions au crucial problème de la cohabitation. Savez-vous combien de Négro-mauritaniens ont vu leur colère s’atténuer, leur frustration s’édulcorer rien qu’en lisant Oumar Ould Beibacar ?
Nos gouvernants actuels vont-ils continuer à envoyer au bagne tout Mauritanien obéissant à sa conscience et qui ose rétablir la vérité ? Après Ould Mkheitir qui défendait les forgerons, Biram Dah et Brahim Bilal qui souhaitaient libérer les esclaves et Oumar ould Beibacar qui voulait soigner les blessures de ses frères Négro-mauritaniens (racisme d’Etat, esclavage) et donner enfin l’occasion aux Mauritaniens de discuter pour refaire leur unité, le régime actuel va-t-il arrêter tous les progressistes de ce pays ?
Oui, va-t-il faire arrêter un certain Isselkou Ould Abdel Kader, un certain Mohamed Hanefi, faire extrader un certain Gemal Ould Yassa… et briser à jamais l’espoir de voir la Mauritanie faire la paix avec elle-même ? Quelle terrible destinée que cette d’un pouvoir qui envoie au cachot les meilleurs de ses citoyens !
Chacun à le devoir d’évaluer lucidement la situation et surtout avoir le courage de s’impliquer ; l’avenir de la Mauritanie a, aujourd’hui plus que jamais, besoin que ses intellectuels s’expriment, que ses citoyens se réveillent et que son peuple se recompose pour enfin reconquérir la verticale !
Mamadou Kalidou BA
Nouakchott le 02 décembre 2015
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