samedi 5 décembre 2015

Les valeurs structurantes de la personnalité Halpulaar’en



1- Le Gacce
Le sentiment de gacceen tant que confirmation de l’identité ontologique de l’homme ne peut être bien saisi sans un détour par la notion de personne chez les Halpulaar’en. La personne est avant tout un tagooré c’est à dire une créature divine et qui, a ce titre à une certaine dignité. L’homme en milieu Halpulaar est une substance qui éprouve de la honte. “Neddo mo hersata wona neddo” autrement dit un homme qui ne ressent pas la honte, n’est pas un homme. Le gacce est donc ce qui confère à l’homme son statut de personne humaine.  L’homme est donc un être qui éprouve ontologiquement la honte. Dans la vie de tous les jours l’homme est structuré pour éprouver de la honte afin de savoir comment il doit se comporter selon son statut, son sexe, son âge, sa situation matrimoniale, en face de son paso (personne de même rang social), de ses beaux-parents etc…
2- PASSIRAAGAL
Le Pasiraagal peut se définir comme l’ensemble des obligations et des comportements requis entre deux individus ayant le même rang social. Comme le Gacce, le Pasiraagal est ontologiquement lié à l’essence de l’homme c’est en ce sens que “neddo mo fas naaki hoore mum wona neddo”. Autrement dit un individu qui n’est pas conscient des attributs et des obligations liés à son rang social, un individu qui n’a pas d’amour propre, ne peut être considéré comme un être humain. Le Pasiraagal véhicule un ensemble de codes de conduite sociale selon le rang social de l’individu et selon les situations et les circonstances sociales bien déterminées.
Le Pasiraagal est donc un phénomène structurant de la personnalité Halpulaar. Il renvoie aussi à des comportements concrets aussi bien sur le plan politique (lutte et rivalité pour l’intronisation) sur le plan personnel (lutte pour défendre son honneur et son prestige social) sur le plan professionnel (lutte pour vaincre). Source d’émulation et de saine rivalité, le Pasiraagal fait que dans la société Halpulaar, les rivalités entre les gens ayant le même rang social sont un phénomène constant. Le Pasiraagal  détermine le tout : avec qui peut-on et doit-on se marier ? Qui doit donner ? Qui doit prendre ? Inscrite dans la réalité sociale, le Pasiraagal s’actualise surtout lors du mariage et du choix du conjoint. Garant de l’ordre social, le Pasiraagal érigé l’endogamie en valeur absolue “ gundo yo res gundo elo resa elo ” c’est à dire que le Varan se marie au Varan et que la Gueule-tapée se marie à la Gueule-tapée.

3- LE GANNDAL
La possession de la connaissance est une qualité très recherchée dans la société Halpulaar. Elle est cet outil qui permet à l’individu de faire face à toutes attentes sociales. La sagesse Halpulaar’en estime en effet que le savoir ne saurait être dissocié de l’éthique. Sa détention est nécessaire pour pouvoir se mouvoir au sein de la société d’où cette célèbre maxime Halpulaar *“debbo, jawdi, laamu needi yoodata to ganndal ala” c’est à dire qu’en l’absence de connaissance il ne peut y avoir ni une belle femme, ni une belle fortune ni un beau pouvoir à plus forte raison une belle discipline.

4- YEEKIRAAGAL
Le YeeKiraagal est une forme de relation de parenté à plaisanterie née du mariage qui fixe la nature des liens et l’ensemble des obligations d’une femme mariée à l’endroit de ses belles-sœurs. C’est-à-dire que pour comprendre le YeeKiraagal il faut obligatoirement faire un détour par le mariage et situer le poids de la parenté dans la société Halpulaar.
         Le YeeKiraagal émerge à la suite d’un mariage en ce sens que c’est à la suite  de cet événement que ses sœurs acquièrent une belle-sœur (Yeekiraado). Dans la  société Halpulaar la structure sociale de base est fournie par la parenté. Sa naissance ou son adoption donne à l’individu une certaine position dans la structure sociale qui le met en relation avec un grand nombre de personnes. Avec les unes, il y a des liens légaux spécifiques se définissant en termes de droits et de devoirs.
         Le YeeKiraagal existe donc à l’état virtuel dans le tissu social mais ne peut être actualisé que par le mariage. On ne peut donc parler de parenté par alliance dans ce cas précis car le lien de parenté est antérieur à l’alliance.
          Etymologiquement YeeKiraagal viendrait de Yee + Kir (Regard + Jaloux), c’est donc celle que l’on regarde jalousement. En effet la femme mariée est toujours perçue comme une rivale par les sœurs de son mari et est en temps comme une éventuelle amie qui doit être respectée.

5- Le Dendiraagal
L e dendiraagal a une double définition. Il  est utilise pour nommer les cousins ou bien pour nommer la relation de plaisanteries qui peut subsister entre les cousins comme du reste entre deux clans ou deux groupes  ethniques. Le dendiraagal est utilisé pour raffermir les liens de parenté ou de voisinage mais aussi il sert de canal par lequel beaucoup de problèmes sont réglés de façon pacifique. Le dendiraagal reste un trait d’union fort, un ciment qui permet le maintien de la cohésion sociale au sein de la population, car c’est à travers ce dernier que les gens arrivent à régler des problèmes de ménage, de terre et il accroît le commun vouloir de vie  commune dans la plus grande stabilité sociale.   
Oumar Moctar M'baye
"Extrait de mon rapport de mémoire en licence3 sociologie".





  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Partie 3 : L'Éducation et la connaissance

  En fait, il s'agit de compléter et, pour beaucoup, de refaire même notre éducation. Il ne faut pas que cela vous effraie. C'est ...