1- Le Gacce
Le
sentiment de gacce’ en
tant que confirmation de l’identité ontologique de l’homme ne peut être bien
saisi sans un détour par la notion de personne chez les Halpulaar’en. La personne est avant tout un tagooré c’est à dire une créature divine et qui, a ce titre à une
certaine dignité. L’homme en milieu Halpulaar
est une substance qui éprouve de la honte. “Neddo mo hersata wona neddo”
autrement dit un homme qui ne ressent pas la honte, n’est pas un homme. Le gacce est donc ce qui confère à l’homme
son statut de personne humaine. L’homme
est donc un être qui éprouve ontologiquement la honte. Dans la vie de tous les
jours l’homme est structuré pour éprouver de la honte afin de savoir comment il
doit se comporter selon son statut, son sexe, son âge, sa situation
matrimoniale, en face de son paso (personne
de même rang social), de ses beaux-parents etc…
2- PASSIRAAGAL
Le
Pasiraagal peut se définir comme
l’ensemble des obligations et des comportements requis entre deux individus ayant
le même rang social. Comme le Gacce,
le Pasiraagal est ontologiquement lié
à l’essence de l’homme c’est en ce sens que “neddo mo fas naaki hoore mum wona
neddo”. Autrement dit un
individu qui n’est pas conscient des attributs et des obligations liés à son
rang social, un individu qui n’a pas d’amour propre, ne peut être considéré
comme un être humain. Le Pasiraagal
véhicule un ensemble de codes de conduite sociale selon le rang social de
l’individu et selon les situations et les circonstances sociales bien
déterminées.
Le
Pasiraagal est donc un phénomène
structurant de la personnalité Halpulaar.
Il renvoie aussi à des comportements concrets aussi bien sur le plan politique
(lutte et rivalité pour l’intronisation) sur le plan personnel (lutte pour
défendre son honneur et son prestige social) sur le plan professionnel (lutte
pour vaincre). Source d’émulation et de saine rivalité, le Pasiraagal fait que dans la société Halpulaar, les rivalités entre les gens ayant le même rang social
sont un phénomène constant. Le Pasiraagal
détermine le tout : avec qui
peut-on et doit-on se marier ? Qui doit donner ? Qui doit prendre ? Inscrite
dans la réalité sociale, le Pasiraagal s’actualise
surtout lors du mariage et du choix du conjoint. Garant de l’ordre social, le Pasiraagal érigé l’endogamie en valeur
absolue “ gundo yo res gundo elo resa elo ” c’est à dire que le Varan se marie au Varan et que la
Gueule-tapée se
marie à la Gueule-tapée.
3- LE GANNDAL
La possession de la connaissance est
une qualité très recherchée dans la société Halpulaar.
Elle est cet outil qui permet à l’individu de faire face à toutes attentes
sociales. La sagesse Halpulaar’en
estime en effet que le savoir ne saurait être dissocié de l’éthique. Sa
détention est nécessaire pour pouvoir se mouvoir au sein de la société d’où
cette célèbre maxime Halpulaar *“debbo,
jawdi, laamu needi yoodata to ganndal ala” c’est à dire qu’en l’absence
de connaissance il ne peut y avoir ni une belle femme, ni une belle fortune ni
un beau pouvoir à plus forte raison une belle discipline.
4- YEEKIRAAGAL
Le
YeeKiraagal est une forme de relation
de parenté à plaisanterie née du mariage qui fixe la nature des liens et
l’ensemble des obligations d’une femme mariée à l’endroit de ses belles-sœurs.
C’est-à-dire que pour comprendre le YeeKiraagal
il faut obligatoirement faire un détour par le mariage et situer le poids de la
parenté dans la société Halpulaar.
Le YeeKiraagal
émerge à la suite d’un mariage en ce sens que c’est à la suite de cet événement que ses sœurs acquièrent une
belle-sœur (Yeekiraado). Dans la société Halpulaar
la structure sociale de base est fournie par la parenté. Sa naissance ou son
adoption donne à l’individu une certaine position dans la structure sociale qui
le met en relation avec un grand nombre de personnes. Avec les unes, il y a des
liens légaux spécifiques se définissant en termes de droits et de devoirs.
Le YeeKiraagal
existe donc à l’état virtuel dans le tissu social mais ne peut être actualisé
que par le mariage. On ne peut donc parler de parenté par alliance dans ce cas
précis car le lien de parenté est antérieur à l’alliance.
Etymologiquement YeeKiraagal viendrait de Yee
+ Kir (Regard + Jaloux), c’est donc celle que l’on regarde jalousement. En
effet la femme mariée est toujours perçue comme une rivale par les sœurs de son
mari et est en temps comme une éventuelle amie qui doit être respectée.
5- Le
Dendiraagal
L
e dendiraagal a une double
définition. Il est utilise pour nommer
les cousins ou bien pour nommer la relation de plaisanteries qui peut subsister
entre les cousins comme du reste entre deux clans ou deux groupes ethniques. Le dendiraagal est utilisé pour
raffermir les liens de parenté ou de voisinage mais aussi il sert de canal par
lequel beaucoup de problèmes sont réglés de façon pacifique. Le dendiraagal
reste un trait d’union fort, un ciment qui permet le maintien de la cohésion
sociale au sein de la population, car c’est à travers ce dernier que les gens
arrivent à régler des problèmes de ménage, de terre et il accroît le commun vouloir
de vie commune dans la plus grande
stabilité sociale.
Oumar Moctar M'baye
"Extrait de mon rapport de mémoire en licence3 sociologie".
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